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Allocution du 8 mai 2022

ALLOCUTION du COMITÉ de LIAISON des ASSOCIATIONS
D’ANCIENS COMBATTANTS, de DÉPORTÉS et de RÉSISTANTS du
RHÔNE et de la MÉTROPOLE DE LYON
En ce jour du 8 mai où nous commémorons la victoire de la France
et de ses alliés sur la folie dévastatrice et insensée du National-
Socialisme, en cette période où une guerre de haute intensité vient
menacer la paix européenne, en cette époque où des fanatiques
peuvent à tout instant frapper sur notre sol, il n’a pas semblé
inopportun au Comité de Liaison de s’interroger sur ce qu’est, ce
qu’est devenu, ce que doit être l’esprit de défense.
Napoléon avait dit un jour : » Il n’y a que deux puissances au
monde, le sabre et l’esprit : à la longue, le sabre est toujours vaincu
par l’esprit ». Encore faut-il que l’esprit, face au péril, sache saisir le
sabre. Voilà, à n’en pas douter, ce qui a conduit Jeanne la Lorraine
jusqu’à Orléans, les soldats de l’An II à Valmy et Charles de Gaulle
à Londres.
Mais c’est aussi ce qui a guidé les Poilus de Quatorze qui ont vite
compris ce qui les attendait et retournaient pourtant au Front après
chaque permission. C’est aussi ce qui a permis à tant de jeunes
d’affronter le sacrifice suprême, tel Henri Fertet, fusillé le 26
septembre 1943 en ayant refusé qu’on lui bande les yeux. De la
lettre poignante qu’il a écrite à ses parents au moment d’être
emmené, je retiendrai trois passages : « Je meurs pour ma Patrie. Je
veux une France libre et des Français heureux », « Mon écriture est
peut-être tremblée ; mais c’est parce que j’ai un petit crayon. Je
n’ai pas peur de la mort ; j’ai la conscience tellement tranquille. »,
et enfin : » Excusez les fautes d’orthographe, pas le temps de relire. »
Il avait seize ans. Il est un des deux plus jeunes Compagnons de la
Libération.

Mais ce jeune garçon lumineux, céleste, n’est qu’un exemple parmi
tous ceux, toutes celles qui se sont levés, quel qu’en soit le prix, pour
défendre l’honneur de la France à l’heure de la plus écrasante
défaite de son Histoire, et pour préparer la seule issue possible à
leurs yeux : la Victoire. Tous étaient des gens ordinaires, comme les
autres, tant il est vrai, comme le rappelait Ralph Waldo Emerson,
qu’» Un héros n’est pas plus brave qu’un homme ordinaire, mais il
est brave quelques minutes de plus. »
Alors, que reste-t-il, aujourd’hui, de cet esprit de défense ?
Il est de bon ton, parfois, d’afficher une certaine nostalgie du « Bon
vieux Temps », et de s’affliger de la perte de nos valeurs. C’est
parfois vrai, c’est le plus souvent faux, notamment pour ce qui
concerne l’esprit de défense. Car les temps changent, le Monde
n’est plus ce qu’il était. La surabondance de l’information
empêche souvent de saisir l’essentiel, le citoyen est trop souvent
aujourd’hui réduit à l’état de consommateur. Alors forcément,
l’esprit de défense ne peut plus avoir la même apparence que
jadis.
Mais il doit être de même nature, et se résume en un mot : Être prêt !
Prêt à réagir, prêt à s’engager, prêt aussi à se sacrifier dès lors que
la Patrie, mais aussi ses valeurs sont en danger.
C’est un engagement plus individuel, probablement, qu’autrefois,
mais tout aussi fort. C’est l’engagement du Lieutenant-Colonel
Arnaud Beltrame, venu se substituer à une otage et mourir à sa
place pour faire son devoir jusqu’au bout. Mais c’est tout autant
celui de l’adolescent qui intègre les Cadets de la Défense, de la
jeune fille qui suit une Préparation militaire marine, de tant d’autres
qui s’inscrivent dans des structures de Défense comme, par
exemple, la Réserve Opérationnelle et, bien-sûr, de celui qui signe
un contrat dans nos Armées.
Nos Armées... Au coeur de notre esprit de défense, elles prouvent
au quotidien qu’elles sont prêtes et sereines face aux défis
d’aujourd’hui. C’est leur raison d’être, c’est leur mission, c’est leur
honneur. Mais tout cela ne suffit pas.

Tout cela ne suffit pas, car ce que disait Thucydide il y a vingt-quatre
siècles est plus que jamais d’actualité : « Qu’importe la taille des
vaisseaux et des murailles de la Cité si la volonté de Défense du
citoyen n’existe pas. »
Et l’on comprend alors l’importance capitale des cérémonies telle
que celle qui nous réunit aujourd’hui. Nos troupes qui défilent, nos
vaillants porte-drapeaux, dans les rangs desquels on remarque des
jeunes qui préparent leur relève, les décorés dont nous venons de
reconnaître les mérites, la tribune qui leur apporte l’hommage de
la population. Ce lien entre l’Armée et la Nation ne doit se rompre
à aucun prix, car de là dépend la survie-même de la Patrie. Une
armée qui serait déconnectée de sa population est vaincue
d’avance. Celle qui se sait soutenue par son peuple peut être
invincible.
Aujourd’hui, l’enjeu est de maintenir cet esprit, cette flamme qui,
comme jadis celle de la Résistance, ne s’éteindra pas, envers et
contre tout.
Pascal CHARRET
Vice-président du Comité de Liaison
LYON, le 8 mai 2022

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