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Discours Mme CHENEVIER 3septembre 2022

 

Discours Mme CHENEVIER Libération de LYON le 3 septembre 2022

IL y a 78 ans le 3 septembre 1944 retentissait dans les rues de LYON le vibrant message d’Alban VISTEL.

« A l’heure où les armées alliées sont parmi nous, venues des confins du monde pour abattre les puissantes oppressions,
à l’heure où le monde entier va retrouver un visage humain, à l’heure ou le dernier combat s’apaise dans notre région,
à l’heure où va mourir le dernier mort de la résistance, c’est avec une joie mutilée que nous accueillons la libération ».

Forte de 250 000 hommes l’Armée B, reconstitué et commandé par le Général de Lattre de Tassigny compte des Français de la 1ére DFL, tel André CORREIA, Francis GARCIA décédé le 11juillet 2022, que nous avons bien connu, mais la très grande majorité des hommes vient de l’empire colonial notamment d’Afrique, 50% d’Afrique du Nord, 10% d’Afrique subsaharienne : « Spahis et Zouaves, Tirailleurs Algériens, et Sénégalais, Goumiers et Tabors Marocains, mais aussi hommes venus du Pacifique et des Antilles ».

Aujourd’hui nous rendons un hommage appuyé à nos libérateurs. Connus ou anonymes ils ont pour Panthéon le cœur et la mémoire des Lyonnais et des Français.

Notre inextinguible et profonde reconnaissance s’adresse également aux Français et Françaises qui armés de leur seuls conscience et courage défièrent les Allemands et le gouvernement de Pétain ; certains dès l’armistice signé en juin 1940. Avec la complicité de plusieurs officiers, le général Frère Gouverneur militaire de Lyon fait cacher des armes dans le cinéma La Scala, dans les serres du parc de la Tête d'Or, et à l’extérieur de Lyon.

Voulant défendre leur patrie, défendre ses valeurs républicaines et humanistes, une minorité d’hommes et de femmes refusent la défaite et l’occupation, refusent l’idéologie nazie, refusent le régime de Vichy et sa politique collaborationnisme et antisémite. Elle contrevienne au principe d’obéissance de l’époque ; ce refus originel est un élément essentiel de l’esprit de la Résistance.     

 Née de réactions spontanées et isolées, la résistance s’organise en mouvements le Coq Enchainé, l’Insurgé et les trois grands mouvements de la zone Sud Combat Henri FRENAY et Berty Albrecht.  Libération sud Jean-Pierre LEVY. Franc-Tireur Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Ces mouvements tentent de réveiller les consciences des lyonnais en diffusant sous le manteau leurs tracts et leurs journaux clandestins dénonçant le nazisme, la politique de collaboration menée par Pétain et Laval. De courageux imprimeurs prennent le risque  de les publier au péril de leur vie : Eugéne PONS  meurt en déportation à Neuengamme,  André BOLLIER est blessé par la gestapo et les miliciens, il se tire une balle dans le cœur  pour ne pas être capturé vivant, lors de l’attaque de son imprimerie rue Viala en juin 1944 ainsi que ses équipiers Paul JAILLET,  Francisque VACHER.

N’oublions pas l’acte de résistance de quotidiens locaux, préférant se saborder en novembre 1942 plutôt que se soumettre à la censure : le Progrès, le Figaro.

Si les deux premiers numéros de Témoignage chrétien sont imprimés à Villeurbanne par Joseph MARTINET, Eugène PONS se charge d’imprimer les suivants. Lyon fut une plaque tournante de la Résistance spirituelle. Publié clandestinement, le 16 novembre 1941, le premier numéro des Cahiers du Témoignage chrétien, s’intitule « France, prends garde de perdre ton âme », le père CHAILLET désire « arracher l'opinion à l'ignorance en lui montrant le vrai visage du nazisme ». « Vous avez été notre 18 Juin spirituel » écrira en septembre 1944 , le Père CHAILLET. Cette résistance spirituelle et animée par des jeunes Etudiants, Gilbert DRU, Jean-Marie DOMENACH.

Des lycéens et étudiants, telle Denise DOMENACH, n’hésitent pas à s’engager aussi dans d’autres mouvements, tels les FUJ qui se fondent en octobre 1943, dans les Forces Unies de la Jeunesse Patriotique ou F.U.J.P. réunissant la jeunesse résistante. Jeunesse bien présente aux manifestations du 14 juillet, du 11 novembre, ou s’opposant à la projection d’un film antisémite à la Scala, où à un concert donné par le philarmonique de Berlin à la salle rameau, et qui va devoir soit se soumettre soit désobéir à la loi instaurant le STO (Service du Travail Obligatoire) en février 1943.

C'est à Lyon que se nouent les liens entre la Résistance intérieure et la France libre, qui sous l'égide de Jean MOULIN aboutiront à l'unification des 3 grands  mouvements de la Zone Sud début 1943, les MUR ( Mouvements unis de la résistance) . Cette fusion favorise le développement du Noyautage des administrations publiques (NAP) qu’avait mis en place Combat pour infiltrer la police, les PTT, les chemins de fer, l’électricité, la préfecture, les mairies, André PLAISANTIN en est le créateur et le responsable régional avec Maurice Picard pour adjoint. A la tête de la Section d’atterrissage parachutage, Paul RIVIERE organise le transfert de nombreux agents et responsables de la résistance, ainsi que des opérations d’atterrissages et de parachutages d’armes, matériel, argent, destinés à l’AS (armée secrète) et aux maquis.

Des réseaux rattachés aux services secrets de la France libre, le ‘’BCRA’’ (bureau central renseignements actions) service secret créer par de GAULLE, ou des Alliés, surtout britanniques se développent à Lyon, réseaux de renseignements, d’évasions L’américaine Virgina HALL, engagée comme infirmière volontaire dans l'armée Française en 1940, puis devenue Agent du ‘’SOE’’ britannique à la tête du réseau HECKLER elle aide la résistance française à Vichy, et à Lyon où elle « mettait généralement un géranium en pot sur sa fenêtre lorsqu’elle avait un message à transmettre » à l’automne 1942 elle échappe de justesse à la gestapo lyonnaise de Barbie qui la traque. Grillée elle quitte le ‘’SOE’’ britannique et rejoint le service américain ‘’OSS’’. En 1944, elle recontacte les résistants du Centre de la France, avant de s’installer en juillet au Chambon sur Lignon comme opératrice-radio, et organiser des parachutages pour équiper les FFI de Haute Loire, ‘’FFI’’ Force Françaises de l’Intérieur .

Au cours de l’hiver 1942-1943, de l’initiative de réfractaires se cachant pour fuir le travail en Allemagne au titre de la Relève, et surtout du ‘’STO’’ (service du travail obligatoire), les maquis se développent notamment dans le Vercors, Les Glières, et modifient la structure de la Résistance et la nature de son action ; sabotages, guérilla. Une lutte armée menée jusqu’alors par les Jeunesses communistes dès 1941 ou par les groupes francs des mouvements de Résistance. Malgré certaines réserves Britanniques et Américains armeront les maquisards qui vont aussi participer aux combats de la Libération ; à titre d’exemple: près de Lyon le camp Didier avec Jean-Louis CURVAT jouera un rôle capital dans la bataille de Meximieux fin aout 1944.

Ce 3 septembre 1944 larmes de joie et de tristesse se mêlent. Des lyonnais attendent le retour de leurs prisonniers de guerre, de leurs déportés ; des familles endeuillées notamment par les massacres de l’été 1944 où des prisonniers extraits de la prison Montluc sont exécutés, le 27 juillet 5 résistants: le Colonel Albert CHAMBONNET chef régional de ‘’ l’AS’’ Armée Secrète, Gilbert DRU Francis CHIRAT, René BERNARD, Léon PFEFFER Le 17 août à Bron. 109 victimes, le 28 août à Saint-Genis Laval : Massacre de 120 détenus de Montluc , et dans de nombreux lieux autour de Lyon des familles endeuillés par les nombreuses victimes de bombardements alliés de mai 1944.

Sans sous-estimer le rôle de la résistance dans les opération militaires pour libérer le territoire, EISENHOWER estimait qu’elle a représenté 15 divisions, ses idéaux marquent profondément l’histoire de la France dont elle a écrit en lettres de sang et d’or l’une des plus belles pages. Et la France qui redevient une démocratie.

 

Nos résistants et déportés ont payé très lourdement la reconquête de nos libertés, sacrifiant leur jeunesse, leur avenir et trop souvent leur vie. Nous avons eu le privilège de les avoir à nos côtés jusqu’à ces dernières années. Maintenant qu’ils sont presque tous partis ou que le poids des ans les empêche de témoigner, à nous  de nous montrer dignes de la confiance qu’ils nous ont témoignée, dignes des valeurs qu’ils nous ont léguées ; valeurs dont l’intemporalité et l’universalité constituent le liant intergénérationnel de la Nation française. 

 

Coresponsables de cet héritage, continuons, comme le disait Lucie AUBRAC, à conjuguer le verbe résister au présent. Le devoir de vigilance et de résistance est crucial en ces temps difficiles où les crises s’enchaînent en France et dans le monde, où l’on risque de s’habituer à certains discours discriminatoires, voire haineux,  où la guerre fait rage en Ukraine. Alain CHOURAKI, président de la Fondation du camp des Milles, nous alerte depuis des mois : « notre démocratie est sur une ligne de crête », A nous de la défendre.

Pour les générations actuelles et futures, soyons ceux qui avec la plume de Paul Eluard redorent le mot Liberté, soyons ceux qui permettent aux colombes de la paix de voler à tire d’ailes.

 

 

Marie CHENEVIER

 

 

 

 

 

 

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