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André Maginot

André Maginot est né le 17 février 1877 à Paris d’une famille lorraine. Il fait de brillantes études et il est admis au Conseil d’Etat après une licence en droit et le diplôme de l’Ecole libre des Sciences politiques dont il est sorti premier à l’âge de 20 ans. Il est élu député de la Meuse en 1910, après avoir été conseiller général de Revigny. Membre de la commission de l’Armée au parlement, il est sous-secrétaire d’Etat  de la guerre en 1913 pour quelques mois. A la déclaration de la guerre , le 3 août1914, il a 37 ans.

Le 1er août 1914, jour de la mobilisation générale en France, André Maginot , qui était exempté en qualité de député, prend le train pour Bar-le-Duc. Il s’engage , comme simple soldat, au 44ème régiment d’infanterie territoriale dans le secteur de Verdun. Il est accompagné par Frédéric Chevillon, député de Marseille et lorrain d’origine. Au 44ème , les deux députés sont affectés sur leur demande dans une des compagnies qui tient les avant-postes, où ils retrouvent Léon Abrami, député du Pas-de-Calais, et ils montent en ligne le 13 août.

 André Maginot prend part à de nombreuses reconnaissances formées hâtivement et chargées de renseigner le commandement sur les positions de l’armée adverse. « Il est convaincu que la constitution d’un groupe de reconnaissance permanent, dont le chef et les soldats seraient très soigneusement choisis et dont l’effectif serait suffisant pour qu’à tout moment ,une patrouille soit disponible, est une solution à mettre à l’épreuve ». En quelques jours le groupe est organisé . La patrouille Maginot a pris vie ; elle fera parler d’elle. Naturellement A.Maginot a accepté d’être son chef. Elle comprend 20 soldats dont Chevillon et Abrami. Son siège est au village de Bezonvaux(..)La première mission donnée au groupe est si bien remplie que les trois amis sont nommés caporaux.

 Le nombre de volontaires étant supérieur aux besoins, A.Maginot  put effectuer  une sélection en ne conservant  que ceux qui lui paraissait avoir les qualités nécessaires. Son choix était basé sur l’expérience des précédentes expéditions et il eut bientôt sous ses ordres , une troupe de braves à toute épreuve : sa section d’élite était formée.

 Ils n’étaient pas tous »d’irréprochables gentilshommes », mais avant tout courageux , prêts à tous les sacrifices et méprisant la mort. » Je savais qu’avec eux je pourrais tout oser. Pour moi, c’était l’essentiel. Avec moi, ils savaient  que si l’existence serait périlleuse et perpétuellement expos ée, la discipline serait quelque peu relâchée et la vie large et facile, en attendant la mort. Notre but principal était de tenir constamment en haleine les éléments avancés de l’ennemi, d’occuper sans relâche les patrouilles allemandes qui avaient elles-mêmes la mission d’explorer la région. Pendant les premiers jours de notre installation , nous eûmes à subir quotidiennement des attaques de la part des avant-postes de l’armée du Kronprinz. Je m’attendais chaque nuit à être enlevé avec mes vingt hommes et, mon fusil à la main, assoupi tout habillé sur un fauteuil, j’étais prêt à la première alerte à éveiller  mes patrouilleurs endormis »

 Ainsi était né ce corps de patrouilleurs »uniquement composé de braves à trois poils » pour lesquels il n’existait au monde qu’une  seule punition : être renvoyés dans leurs compagnies ; qu’une seule raison à leur glorieux exploits : la France.

 C’est ainsi que le 26 août 1914 avait eu lieu par une nuit opaque, la première sortie , de la patrouille chargée de reconnaître Maucourt et Mogeville, pour savoir si les détachements de cavalerie ennemie n’avaient pas occupé ces villages suite à la prise d’Etain. : Maginot, Chevillon et Abrami y gagnèrent leurs galons de caporaux. Ils étaient accompagnés du soldat Muller, un Alsacien parlant l’allemand ce qui pouvait être utile. Les patrouilleurs s’étaient rendus à Maucourt par la route  leurs armes approvisionnées et chargées, en marchant vite tout en étouffant le bruit de leurs pas. Les quatre kilomètres qui séparent  Bezon vaux de Maucourt furent franchis en moins de trois quarts d’heure.

 Le 2 septembre 1914, André Maginot est nommé sergent  et cité à l’ordre du jour  pour « le sang froid et la crânerie dont il a fait preuve au cours d’une patrouille , pendant laquelle cinq cavaliers ennemis ont été tués ». Le 7 octobre il est cité à l’ordre de la division » au cours d’une reconnaissance le 6 octobre a vigoureusement entraîné ses hommes pour entrer dans le bois de Maucourt et a ainsi contribué à chasser l’ennemi »

Presque toute les nuits , le sergent Maginot et son groupe de volontaires font face au feu de l’ennemi .Souvent la mort frappe aveuglément dans le groupe, qui fait du bon travail en rapportant des renseignements précieux sur les positions avancées de l’adversaire « avec un courage qui n’est pas aveugle et un cœur qui n’est pas sans pitié ». 

Le 8 novembre 1914, le sergent  Maginot est décoré de la Médaille Militaire sur le plateau de Souville, avec une citation à l’ordre du régiment : »Commandant d’un groupe d’éclaireurs volontaires, a dirigé plus de cinquante patrouilles, fournissant d’une façon constante , au milieu des plus grands dangers , les renseignements les plus précieux sur la situation ennemie. Le 6 novembre, grâce à sa connaissance parfaite du terrain, a guidé , au milieu d’une brume épaisse, les bataillons chargés de l’enlèvement de plusieurs villages et a été pour beaucoup dans le succès  de cette opération de surprise qui ne nous a coûté que trois hommes blessés. Sous-officier remarquable par sa crânerie personnelle et l’ascendant qu’il a su conquérir sur ses hommes « 

Le 9 novembre 1914, André Maginot est chargé d’une reconnaissance au bois des Haies, occupé par des Allemands qui ont jusqu’alors , accueilli les patrouilles par des feux nourris.Le sergent Maginot fait avancer sa patrouille. Il est accueilli par une vive fusillade. Il est environ huit heures, une soixantaine d’Allemands sortent des fourrés. De nombreux patrouilleurs sont blessés. André Maginot est atteint de deux balles à la jambe gauche. Le désir irraisonné de rejoindre ses hommes coûte que coûte l’emportant sur l’envie de faire le mort, il se traîne sur une trentaine de mètres et parvient à s’abriter  derrière une auge d’abreuvoir. André Maginot se perd en conjectures tout en luttant pour ne pas tomber en syncope. Ne voulant pas que la Médaille Militaire , qui lui a été remise la veille par le général Coutanceau, puisse tomber aux mans des Allemands, il la glisse sous la pierre de l’abreuvoir avant de sombrer dans une vague torpeur. Le soldat Degombert part chercher des secours dès que le calme revient  et les blessés évacuent la position. Le caporal Boury et le soldat de première classe Robert ne veulent pas abandonner André Maginot, malgré ses exhortations. Ils réussissent  à porter leur chef jusqu’à la tranchée où le sergent Léonard  et un homme ont été laissé en couverture depuis le matin. 

André Maginot est évacué à l’hôpital St Nicolas  de Verdun où il est opéré en urgence. Les soldats rescapés et ceux blessés  ou tués sont cités à l’ordre du jour  du camp retranché , le 22 novembre pour avoir sauvé leur sergent au péril de leur vie. Quant à André Maginot , sa conduite lui vaudra , le 12 mars 1919 la croix de chevalier de la Légion d’honneur  remise par le président Poincaré. 

La jambe gauche d’André Maginot  détruite par les deux balles reçues le rend invalide. Le 18 décembre1914, quelques jours avant la rentrée des Chambres, A.Maginot se fait transporter à Paris sur un brancard capitonné, malgré les conseils contraires du professeur Cueno. Le voyage-auto dure dix heures, l’appareil plâtré qui maintient sa blessure se déplace , sa plaie s’infecte. Maginot ne peut reprendre sa place à la Chambre, il es conduit au Val de Grâce, puis début janvier 1915  dans une  clinique de Neuilly.

Une nouvelle opération de la jambe lui permet , en mars 1915, de retourner au Palais Bourbon à l’aide de béquilles. Le mois suivant, il préside à nouveau le Conseil Général de la Meuse. Puis commence un traitement de mécanothérapie qui immobilise le député jusqu’à l’été 1615. Après une nouvelle opération à l’hôpital de Neuilly, André Maginot reprend sa place à la Chambre, alors que se déroule à Verdun une bataille d’une violence inouïe.

 Une autre vie commence . Il préside , avec l’autorité que lui confère ses éclatants états de services, la commission de l’Armée. Le voici, en 1917, ministre des colonies et de l’Afrique du Nord et membre du comité de guerre.

 Dès ce moment, le juriste s’inquiète du statut qui réglementera la situation des mutilés et A .Maginot prend contact avec les premières associations de victimes de la guerre. Ainsi est-il désigné pour diriger le ministère des Pensions, créé en janvier 1920, où, obstinément , il met au point l’application de la Charte du 31 mars 1919. Il s’attache à rendre plus humaine la bureaucratie dans l’intérêt des anciens combattants.

 Le 5 octobre 1918, la vieille Fédération nationale des associations de mutilés, victimes de guerre et anciens combattants, créée en 1888, l’avait nommé président. On notera que , dès 1919, Maginot préconisait la création d’un comité d’entente qui annonçait la future naissance de la Confédération nationale.

 Maginot présida l’Office national des mutilés, puis l’Office national des Combattants et donna à ces organismes l’impulsion d’humaine solidarité qui les caractérise.

 Le 10 novembre 1920, à Verdun, André Maginot ,ministre des Pensions, tendit un bouquet  d’œillets, rouges et blancs, à Auguste Thin du 132ème régiment d’infanterie, engagé volontaire et un des plus jeunes combattants du moment. C’est à lui que revint l’honneur et la responsabilité de choisir parmi les huit cercueils , contenant les dépouilles de soldats non identifiés, celui qui deviendrait le catafalque du Soldat Inconnu. Une fois choisi le cercueil partit immédiatement pour Paris où il fut exposé sous l’Arc de triomphe de l’après midi du 11 novembre jusqu’au soir. Ce fut un inoubliable défilé silencieux , de mères, de pères, de veuves d’orphelins venus rendre un hommage commun et unanime à leurs propres défunts. Puis le cercueil fut placé dans une chapelle ardente au 1er étage de l’Arc de Triomphe et ne fut inhumé sous la clé de voûte de l’Arc de Triomphe que le 28 janvier 1921

 Suite à l’idée émise début 1921 par le sculpteur ,Grégoire Calvet, puis en octobre 1923 par l’écrivain, Gabriel Boissy, la Flamme sacrée sous l’Arc de Triomphe fut ainsi allumée pour la première fois , le 11 novembre à 18 heures  par André Maginot  ministre de la Guerre depuis 1922 dans le gouvernement  de Raymond Poincaré. Les troupes du 5ème régiment d’infanterie présentait les armes tandis que la musique jouait la Marche Funèbre de Chopin.

 Comme ministre de la guerre, il se préoccupe de la défense des frontières françaises et fait réaliser des forts .Remplacé en 1924 par Paul Painlevé, il travaille avec lui pour lever des fonds dans le but d’améliorer la défense du pays. Les travaux démarrent en 1928. Redevenu ministre de la guerre en 1929, il poursuit la construction de fortifications dans l’est de la France. Persuadé que des défenses fixes sont la meilleure solution, il redynamise le projet expérimental qui n’a que  peu avancé. Son objectif est de palliier la remilitarisation le long du Rhin qui doit être possible dés 1935. Son activisme permet de boucler le financement de la ligne Maginot : 3,3 milliards de francs sur 4 ans qui est voté par 274 voix contre 26. Bien que la ligne défensive appelée ligne Maginot soit principalement due à Paul Painlevé, son édification n’aurait pu être possible sans les démarches et la volonté de Maginot.   

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