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Les Polonais en France en 14-18

Polonais drapeau des volontaires

Ils sont morts pour la France

 

 

France – Pologne

 

Une histoire d'amour de plusieurs siècles, tel un vieux couple qui s'aime.

Passion et déchirements.

 

 

La Pologne est le seul état avec lequel la France n'a jamais été en guerre.

Dans toute son histoire.

 

 

Le futur roi de France, Henri III, est élu roi de Pologne en 1573 quelques mois seulement, avant de s'enfuir de nuit pour ceindre la couronne de France à la mort de son frère Charles IX.

Louis XV épouse la fille du roi éphémère de Pologne Stanislas LESZCYNSKI. Ce dernier obtient le duché de Lorraine en compensation, duché qui à sa mort reviendra à la Couronne de France.

Il laisse à la postérité la Place Stanislas à Nancy, le Château de Lunéville... et le baba au rhum.

C'est la première émigration de nobles, d'intellectuels polonais qui constituent la cour du duc. Le régiment de Cavalerie « Royal Pologne » est créé. Ses traditions ont été reprises et conservées par le 5e Régiment de Cuirassiers qui arbore l'Aigle blanc polonais sur son insigne.

 

Dernier roi de Pologne, amant de la Tsarine Catherine de Russie, Stanislas Auguste Poniatowski, mis sous tutelle par les grandes puissances : Prusse, Russie, Autriche, ne peut s'opposer aux trois partages successifs du Royaume, malgré la proclamation de la première Constitution Européenne le 3 mai 1791 et l'insurrection menée par Kosciuszko, compagnon de lutte de Georges Washington. Le roi est forcé d'abdiquer en 1975 et le royaume définitivement rayé de la carte en 1797.

Les insurgés, nobles, militaires, intellectuels survivants et non emprisonnés quittent leur pays pour rejoindre leur patrie d'adoption, « LA FRANCE ».

 

Trois jours après la disparition de la Pologne par le traité du 29 juin 1797, signé par la Russie, la Prusse, l'Autriche, le général Jarosław Dąbrowski lance son appel à la constitution de Légions polonaises depuis Milan. Plus de 6 000 hommes répondent à l'appel, venus de toute l'Europe. La République française interdisait alors l'emploi de militaires étrangers. Les Légions sont confiées à la jeune République de la Gaule Cisalpine du Nord de l'Italie. Après avoir combattu pour la République en Italie, elles sont envoyées par le 1er Consul Bonaparte pour réprimer la révolte des esclaves à Saint-Domingue. Beaucoup meurent. D'autres, prisonniers, font souche. À Haïti aujourd'hui, de nombreux noirs aux yeux bleus ont des noms polonais.

À cette époque héroïque est composé l'hymne national polonais dont les premières paroles sont :

« La Pologne n'est pas morte, tant que nous vivons.

Marche, marche Dąbrowski , de la terre italienne jusqu'à la Pologne »

 

Napoléon, devenu Empereur, entre en guerre contre l'Autriche, la Russie, la Prusse.

De nouvelles légions sont créées, puis le Grand-Duché de Varsovie est fondé avec les anciens territoires polonais occupés par l'Autriche et la Prusse.

Le Grand-Duché fournit 100 000 hommes à la Grande Armée pour la Campagne de Russie. Un régiment de Chevau-légers lanciers est formé et incorporé à la Garde Impériale. Ils servent l'Empereur dans toutes ses Campagnes.

Après la retraite, les dernières unités sombrent dans la Campagne d'Allemagne avec leur chef, le Prince Joseph Poniatowski élevé à la dignité de Maréchal de France. Les survivants participent à la Bataille de France avant l'abdication, puis regagnent le nouveau Royaume de Pologne annexé par l'Empire Russe.

Un escadron de Chevau-légers polonais accompagne Napoléon en exil à l'Île d'Elbe. Ils se feront tuer à Waterloo en chargeant les carrés des Highlanders écossais.

 

Le Congrès de Vienne attribue l'essentiel de la Pologne au Tsar. L'Autriche doit se contenter de Cracovie et de la Galicie au sud, et la Prusse de la partie Nord et Occidentale.

Les puissances occupantes ne respectent pas leurs engagements. Malgré quelques gestes initiaux de bonne volonté, la russification dans le royaume et la germanisation ailleurs se poursuivent impitoyablement.

1831 1846 1848 1863.

Ces dates sont écrites avec le sang des Polonais dans l'Histoire de la Nation.

Jusqu'en 1918, les Polonais vivent une suite de révoltes, répressions, massacres, déportations dans le Caucase ou en Sibérie, émigration massive en Occident.

Les émigrations successives entraînent la création d'une diaspora importante, la POLONIA, en France, en Angleterre et dans le Nouveau Monde.

Elle n'aura de cesse de sensibiliser les gouvernants et les élites sur la cause de la Nation polonaise et de son indépendance jusqu'à la résurrection du 11 novembre 1918.

 

 

les premières unités polonaises en France

 

 

L'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914 coûte la vie à l'Archiduc François Ferdinand d'Autriche et déclenche la 1ère Guerre mondiale. Un immense espoir naît dans la diaspora polonaise. C'est particulièrement vrai en France, berceau des Polonais exilés depuis plus d'un siècle. Là, nobles, intellectuels, professions libérales, surtout à Paris, se réunissent autour de personnalités célèbres : Chopin, Mickiewicz, Krasinski, Norwid, le Prince Czartoryski, Slowacki....

Outre la langue, ils possèdent une grande connaissance de l'histoire, de la culture et de la littérature françaises. Cette élite se renouvelle grâce aux émigrations continues forcées à la suite des insurrections successives dans les territoires occupés.

 

Au début du siècle, plusieurs milliers de mineurs polonais sont recrutés en Westphalie pour travailler dans les mines du Nord de la France. Ils se regroupent au sein de la société de gymnastique SOKOL (Faucon). Mal accueillis dans certaines villes, victimes de xénophobie, assimilés aux « Boches », plusieurs centaines d'entre eux sont évacués vers les sites miniers de l'intérieur : Le Creusot, Saint-Étienne, Nîmes, Alès...

 

C'est dans ces populations que s'effectuent les premiers recrutements polonais en août 1914 et qu'est créé à Paris un Comité de volontaires Polonais pour le service dans l'armée française (KWP). On y compte, parmi plusieurs personnalités, Wacław Gąsiorowski, fondateur et rédacteur de l'hebdomadaire Gazeta. Ce Comité est formé aussi grâce à l'arrivée de centaines de patriotes de France et de l’Étranger qui ont la volonté de combattre, dans les armées françaises, les ennemis communs qui occupent leur patrie. Les débuts sont difficiles, compte tenu de l'hostilité du gouvernement russe. Les recrutements initiaux ne revêtent aucun caractère officiel et le Comité fonctionne comme une institution d'entraide, tout en dispensant les bases initiales d'une formation militaire. Il procède à la délivrance de « certificats de polonité » à des ressortissants prussiens et austro-hongrois internés par les autorités françaises, mais d'origine polonaise.

 

La situation se débloque après l'appel aux Polonais de France lancé le 14 août par le Grand-Duc Nicolas. Dès le 21 août, les volontaires sont autorisés à contracter un engagement dans la Légion étrangère française. Ils sont convoqués à l'Hôtel des Invalides pour une visite médicale et la signature de leur engagement. Près de 200 sur plus de 500 candidats sont déclarés aptes et défilent dans Paris sous les acclamations de la population scandant : « Vive la Pologne, vivent les volontaires ». Le lendemain, ils prennent le train pour Bayonne avec une halte à Monbrun (Gers) où ils reçoivent une première formation militaire de 15 jours. Ils prendront le nom de «Bajończycy » (Bayonnais) . Une semaine plus tard, un second groupe de 250 hommes est constitué dans la caserne de Reuilly dans le 12e arrondissement de Paris. Ils prendront le nom de « Reuilczyci » (Reuillois).

 

Les élites polonaises militent auprès du gouvernement français pour la reconnaissance de leur patrie et la création d'une Armée polonaise. Mais la Russie, alliée à la France, impose son veto. Elle considère que la Pologne est partie intégrante de l'empire russe : toute reconnaissance qui impliquerait la création d'un État polonais à la fin de la guerre serait considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures russes.

 

Les Polonais sont incorporés dans la Légion étrangère française, la plupart sous des noms français, pour éviter d'être fusillés par l'ennemi s'ils sont pris par les Allemands ou les Autrichiens. La Pologne n'existait pas en tant qu’État. Elle n'avait donc aucun statut d’État belligérant. De nombreux soldats polonais morts pour la France gisent dans une tombe avec un nom français. Un Dawowski deviendra un Dupont ou un Dubois. Dans les territoires occupés, les Polonais sont massivement incorporés comme les « malgré nous » d'Alsace-Lorraine dans les unités des empires allemands (300 000), russe (800 000), austro-hongrois (300 000). De nombreux combats fratricides ont lieu. Les prisonniers sur le Front occidental n'hésitent pas à faire état de leur nationalité polonaise pour reprendre le combat aux côtés des Alliés.

 

En France, les Polonais sont affectés dans les régiments de la Légion étrangère. Les Bayonnais sont regroupés au sein de la 2e Compagnie du 3e bataillon du 2e Régiment de Marche du 1er Régiment étranger d'Infanterie. Les Parisiens sont affectés au 3e Bataillon du 3e Régiment de Marche du 1er R.E.I. Le 21 septembre, le maire de Bayonne procède à la remise du drapeau polonais à la 2Compagnie. Ce drapeau, réalisé par les dames de Bayonne, est conçu par Xawery Dunikowski. Le porte-drapeau est Władysław Szujski , mort au champ d'honneur un mois plus tard. La 2e Compagnie polonaise est intégrée au 3e Bataillon du 2e Régiment de Marche du 1er Régiment étranger. Les légionnaires de la 1ère Compagnie sont d'origine tchèque, ceux de la 3d'origine belge et ceux de la 4e d'origine italienne. Leur premier commandant, le lieutenant de Réserve Maximilian Doumic, architecte âgé de 52 ans, est apprécié de ses soldats. Il sera remplacé par le capitaine Lobus en octobre, dont les méthodes brutales et sévères enveniment les relations avec ses hommes, issus majoritairement des classes intellectuelles.

 

Le 22 octobre, après avoir reçu ses sous-officiers d'origine polonaise, la Compagnie et l'ensemble du Bataillon sont envoyés au Front en Champagne. En novembre, le bataillon est implanté à Sillery près de Reims. Le lieutenant commandant la compagnie polonaise est tué à l'ennemi. Ses hommes partagent la vie et le quotidien des Poilus de l'armée française dans les tranchées.

 

La Prusse a intégré le tiers de la Pologne dans son territoire lors des derniers partages un siècle auparavant. Elle mobilise pour la guerre 300 000 « malgré nous » prussiens d'origine polonaise, répartis sur les Fronts de l'Est et de l'Ouest.

Outre le recrutement de Polonais parmi les prisonniers et les défecteurs des forces armées allemandes et austro-hongroises, les Légionnaires polonais organisent des entreprises de débauchage des unités ennemies par divers moyens : harangue, chants polonais, exposition du Drapeau des Bayonnais... Les Allemands réagissent avec vigueur : ils ouvrent un un feu violent sur le drapeau polonais et déplacent les unités comptant des contingents d'origine polonaise. Władysław Szujski , le porte-drapeau, perd la vie en voulant sauver son étendard. Âgé de cinquante ans à sa mort, ingénieur dans le civil, il est cité à l'Ordre de la 5e Armée française :

« Le légionnaire de 1ère classe de Szuyski Ladislas, Patriote polonais, a été tué glorieusement
en plantant sur une tranchée
allemande le drapeau de la Pologne renaissante »

Il portait un drapeau rouge avec l'Aigle blanc, offert par les Dames de Bayonne.

 

Dès le début du mois de mai 1915, la Légion étrangère est jetée dans l'offensive d'Artois

Dans la bataille d'Arras, mené par la Division marocaine, le 1er Régiment Étranger d'Infanterie lutte dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast pour s'emparer des positions fortifiées ennemies. Il lance trois fois l'assaut. La 2e Compagnie polonaise est complétée par des nouveaux volontaires et des légionnaires venant d'autres unités, notamment les Reuillois. Elle se porte à la pointe des combats sous le commandement du capitaine Osmond. L'échec de l'offensive alliée entraîne de lourdes pertes, la Compagnie polonaise est décimée : de ses 300 hommes, il en reste à peine une cinquantaine en état de combattre. Ils sont regroupés dans une section sous le commandement du lieutenant Jan Rotwand pour partir au combat à Notre-Dame de Lorette où ils sont anéantis. En juillet, les derniers survivants de l'épopée des Bayonnais sont transférés à l'arrière dans les dépôts de la Légion étrangère à Lyon. À cette époque, ce sont près d'un millier de Polonais qui vont combattre dans les différentes unités de la Légion étrangère, auxquels on doit ajouter de nombreux prisonniers et défecteurs d'origine polonaise des armées des puissances centrales.

En juin 1915, l'empire russe multiplie les pressions sur le gouvernement français qui lui donne satisfaction au nom de l'Alliance. :

  • les unités polonaises de la Légion étrangère sont supprimées ;

  • l'enrôlement dans la Légion étrangère des prisonniers et défecteurs allemands ou austro-hongrois est supprimée ;

  • les volontaires sont fortement invités à rejoindre les Légions polonaises qui se constituent dans l'Armée du Tsar. Une douzaine de Bayonnais survivants les rejoignent, ils affronteront les Légions polonaises de Piłsudski formées au sein de l'empire austro-hongrois.

  • Le drapeau polonais est rendu au Comité des Volontaires. Il ne ressortira que deux ans plus tard lors de la création de l'Armée bleue.

 

 

l'Armée bleue

 

L'année 1917 bouleverse les données internationales.

D'une part, l'empire russe s'effondre, le Tsar abdique et la Russie se retire progressivement du conflit. D'autre part, les empires centraux décident de restaurer un État polonais satellite.

Enfin, l'action de intelligentzia polonaise aux États-Unis, conduite par le pianiste Ignacy Paderewski, futur Président de la République polonaise, amène le Président Wilson à soutenir l'indépendance de la Pologne.

 

Fin mai, suite au rapport du général FOCH au ministre de la guerre PAINLEVé, le gouvernement français décide la création d'une Armée polonaise en France, officialisée par le décret du 4 juin 1917 du Président de la République Raymond Poincaré. Une mission franco-polonaise, confiée au Général Louis ARCHINARD assisté du général Capdepont, est créée au ministre de la Guerre pour assurer le recrutement de volontaires polonais avec l’aide du Comité des Volontaires Polonais puis l’organisation et l’instruction de la future armée polonaise. Les accords prévoient une armée autonome avec ses officiers, ses cadres, ses insignes, ses uniformes. Elle est placée sous commandement français. La France en assure l'équipement et l'entretien. L'organisation et les uniformes de cette Armée sont copiés sur le modèle français. L'uniforme bleu horizon des Poilus sera complété par des insignes d'identification tels que l'Aigle polonais sur le casque, les boutons, les pattes d'épaule et le képi souple à la polonaise « czapka ». Les polonais cavaliers dans l’âme depuis 1000 ans souhaitent une tenue de parade « ulanka » pour leurs escadrons de chevau-légers, elle est refusée par les services d’intendance française compte tenu de son coût particulièrement élevé.

 

Tous les Polonais, civils ou militaires, en France ou à l'étranger, peuvent s'engager au sein de l'Armée polonaise. Les militaires polonais ou français d'origine polonaise peuvent être mutés dans l'Armée polonaise. Les prisonniers d'origine polonaise des empires allemands en France et austro-hongrois en Italie sont sollicités, ainsi que les soldats des brigades russes en France et à Salonique. Des bureaux de recrutement sont ouverts en Métropole : Le Mans, Lyon, Bordeaux, Nice et Oran pour l'Afrique du Nord. Le Haut commandement français rencontre des problèmes d’effectifs en cette année 1917. Il espère pouvoir compter sur une armée polonaise de 100 000 hommes. Les débuts du recrutement sont laborieux : réticence des commandants d'unités français à cours d’effectifs, mauvaise volonté des officiers russes, difficultés administratives principalement pour les volontaires d'Outre-Atlantique (les volontaires qui ont obtenu la nationalité américaine ne peuvent rejoindre l’armée polonaise mais doivent intégrer l’armée des États-Unis qui viennent de rentrer en guerre), retards pour l’acheminent en Europe par voie maritime (la priorité est donnée aux renforts américains et canadiens), guerre sous-marine … Le Comité des Volontaires Polonais devient Comité National Polonais. Il est présidé par Roman Dmowski. C'est l'embryon du futur gouvernement polonais. Il est reconnu progressivement par les pays alliés. Après quelques tensions avec le gouvernement français, le Comité obtient le statut de Forces alliées et la nomination à la tête de l'Armée polonaise du Général Haller, ancien commandant de la 2Brigade des Légions polonaises en Autriche Hongrie.

 

Le regroupement des Volontaires se fait dans un camp militaire dans la petite ville de Sillé-le-Guillaume dans la Sarthe, à 25 kilomètres à l'Ouest du Mans. Les implantations se poursuivent dans la Sarthe, la Mayenne et les départements voisins au rythme de la montée en puissance de l’Armée polonaise. L'encadrement et la formation sont assurés par des officiers français retirés du Front car devenus inaptes au combat. Les ordres sont donnés dans les deux langues, Français et Polonais. Les manuels d'instruction sont traduits en langue polonaise. Une première Compagnie est formée dès juillet, trois en août et le 1er Bataillon en septembre. Les Volontaires arrivent en nombre d'Amérique du Nord. Grâce à l'action de la Mission Gasiorowski aux États-Unis, le gouvernement américain autorise le recrutement de volontaires sur son territoire. 1500 prisonniers d'origine polonaise de l'Armée allemande viennent renforcer le Bataillon.

 

Le 17 janvier 1918, le 1er Régiment de Chasseurs Polonais est créé sur le modèle français avec 3 Bataillons stationnés dans le département de la Mayenne. L’État-major et le 3e Bataillon sont déployés à Laval, les 1er et 2e Bataillons à Mayenne. Les américains représentent 60 % des officiers, des sous-officiers et des soldats. Le gouvernement canadien a mis ses camps et centres de formation militaires à la disposition des volontaires Polonais, Canadiens et Américains. Les camps aux États-Unis sont réservés à l’armée américaine qui monte en puissance. Sur les 72 officiers, hormis les 46 Américains, 20 sont des officiers de la Légion étrangère, 4 proviennent de l'ex-Armée impériale russe et 2 sont des défecteurs de l'Armée impériale Allemande. Pour les hommes de troupe, 1369 viennent d’Amérique, 410 des Pays Bas, 210 des unités de l’armée française, 159 de l'Armée russe, 36 du Royaume-Uni, 17 engagés en France renforcés par 323 prisonniers défecteurs des empires centraux Ils sont tous d'origine polonaise, animés d'un patriotisme ardent et croient fermement à la renaissance de leur pays après la Victoire des Alliés. Les 21 et 22 janvier 1918, au Puy-en-Velay, des volontaires, précédés d'une musique, se rassemblent et gravissent la rue qui mène à la cathédrale pour assister à une messe. Sur la place du Breuil, le commandant d'armes de Rancourt les passe en revue. Ils déposent ensuite une couronne au pied de la statue de La Fayette, compagnon d'armes de Kosciusko, patriote polonais, volontaire lors de la guerre d'Indépendance américaine. Ils rejoindront les unités de l'Armée polonaise sur le Front.

 

Le 27 janvier 1918, le 1er RCP est transféré au Camp de Mailly pour y recevoir une instruction poussée en vue de son engagement sur le Front. Le 13 mai, le Régiment est passé en revue par le Général Franchet d'Esperey qui félicite le Chef de Corps, le Colonel Jasinski, pour la prestance de son unité. Le Régiment est déclaré apte à être engagé sur le Front. Il est d’abord affecté à la 168e Division d'Infanterie de la 5e Armée du Général Berthelot à proximité de Reims. Il est engagé contre l'ennemi le 4 juin 1918, date anniversaire de sa création, puis il est transféré à la 163e DI de la 4e Armée du général GOURAUD, à Saint-Hilaire-le-Grand, dans le secteur de Prunay-Prosne où les combats sont particulièrement intenses.

Le 18 juin, au camp de Mailly, le général GOURAUD remet au 1er RCP son drapeau offert par la ville de Paris. Quatre jours plus tard, le 22 juin, le Président de la République Français Raymond Poincaré, en présence du Président Dmowski et du Conseil National Polonais, remet solennellement les drapeaux aux autres régiments polonais. Les drapeaux sont offerts par les villes de Nancy, Belfort, Verdun. Le drapeau des volontaires bayonnais sera décoré de la Croix de Guerre avec palme par le Président de la République.

 

En juillet 1918 après de durs combats lors de la seconde bataille de la Marne (dont ceux du 15 juillet où il perd une centaine d'hommes), le Régiment est fortement éprouvé. Il est retiré du Front le 14 août 1918 pour rejoindre la 1ère Division Polonaise. Celle-ci est constituée progressivement dès le mois de juin par la transformation de la 63e DI française en 1ère D.I. polonaise. Les trois régiments d’infanterie française sont retirés pour être remplacés par les trois Régiments de Chasseurs polonais. Les unités de Cavalerie, d’Artillerie, du Génie… sont juxtaposées aux unités françaises le temps de leur formation.

Le 4 août 1918, la 1ère Division de Chasseurs polonais, renforcée avec de nouveaux volontaires, est rassemblée au camp de Saint-Tanche (Aube), sous le commandement du Général François Vidalon. Organisée sur le modèle français, la Division est composée, outre le 1er RCP, des 2et 3Régiments de Chasseurs, d'un Escadron de Chevau-légers et d'une Compagnie du Génie. L'Armée française fournit les unités d'artillerie du 1er Régiment d'Artillerie de Campagne, équipé de canons de 75 mm et des 155mm du 113e Régiment d'Artillerie lourde. La 1ère Division de Chasseurs polonais rassemble plus de 200 officiers et 10.000 soldats.

Elle est transférée à la mi-septembre dans les Vosges, puis le 5 novembre en Lorraine pour participer à l'offensive contre Metz, offensive qui n'aura pas lieu, l'Armistice du 11 novembre intervenant.

Le nombre croissant de volontaires permet la création de la 2e Division d’Infanterie. Avec la 1ère Division elle formera l’Armée polonaise en France, regroupant 430 officiers et 17 000 hommes sous le commandement du Général HALLER, le 4 octobre 1918.

Le 11 novembre 1918, l'indépendance de la Pologne est proclamée. L'Armée polonaise en France n'est pas dissoute, mais continue de monter en puissance avec l'intégration de nouveaux volontaires et de prisonniers des empires centraux dont 25.000 hommes de l'ancienne Armée austro-hongroise. Elle est organisée en deux Corps d’Armée et 6 Divisions. À partir d'avril 1919, l'« Armée bleue » du Général Joseph Haller est rapatriée en Pologne. Le nom vient de l'uniforme bleu horizon des tenues des Poilus Français. Rééquipée et réarmée avec les surplus de l'Armée française, elle compte 1240 officiers et 68.000 hommes, 120 chars de combat et 18 avions. Le 28 juin 1919, le Traité de Versailles attribue à la Pologne les anciens territoires polonais spoliés par la Prusse et l'Autriche-Hongrie, ainsi qu'un accès à la Mer Baltique. Après avoir anéanti les dernières Armées blanches (armées impériales russes), de Wrangel et de Denikine, les Armées rouges de Trotski arrivent en Pologne, passage obligé pour s'emparer de l'Allemagne en pleine révolution intérieure (révolution spartakiste). L'Armée polonaise, renforcée de matériels et de nombreux cadres et techniciens français dont les plus célèbres sont le Général Weygand et le Capitaine De Gaule, stoppe définitivement les Bolcheviques sur la Vistule.

 

 

Alain Devornique

Président du Souvenir Polonais en France

 

Polonais la messe au camp

Sources :

Revue historique des Armées

Médiathèque de la Défense ECPAD

Ministère de la Défense/Chemins de Mémoire/Les Polonais en France 1914-1918

Sites des Anciens élèves du Lycée Saint-Casimir

Association Les Polonais en Sarthe

Archives 1ère Division de Grenadiers Polonais

Revue Échos de la Polonia de France

 

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